UN TIGRE A L’EDEN

La visite de Georges Clémenceau, le Tigre, le 7 juin 1918, s’inscrit dans le souci permanent du Président du Conseil de s’assurer de l’état d’esprit de la population. Sa photo en compagnie de François Corce, secrétaire général du syndicat des ouvriers des constructions navales, ouvre glorieusement le Livre d’Or de l’Eden. Cette rencontre dans la cour de l’établissement s’explique par le fait que François Corce était un cousin d’Adélaïde Soula, propriétaire de l’Eden, ce qui donne à la photo une atmosphère de convivialité amicale très éloignée des préoccupations du moment.

Autre sujet probable de conversation entre les deux hommes, sur les chaises de bistrot de la buvette de l’Eden, l’accord conclu 3 mois plus tôt avec le premier ministre Vittorio Orlando d’un appel massif à la main-d’œuvre italienne – dont on connaît l’apport capital à l’identité ciotadenne. Dans quelques mois le Tigre, qui vient de remplacer Pétain par Foch, deviendra le Père la Victoire. Comment imaginer pareille détermination dans ce portrait empreint d’une bonhomie aussi légère que les autochromes de la famille Lumière…